Aujourd’hui, partons à la rencontre de Ludivine Bonnet, une psychologue qui a choisi de sortir du cadre traditionnel du cabinet pour exercer sa pratique en pleine nature, accompagnée par les chevaux. À 38 ans, cette professionnelle de l’accompagnement, formée à l’équicoaching par Les Carnets d’Éveil, porte un regard unique sur l’équicoaching, enrichi par son expérience de psychologue, d’intervenante en médiation animale et par son enfance passée en Afrique.
Sommaire
Un parcours marqué par l’authenticité
La découverte de l’équicoaching au pas des rencontres
L’équicoaching enrichi par une double compétence
L’accompagnement assisté par les animaux
Un parcours marqué par l’authenticité
L.B. : J’ai eu un parcours de vie un tout petit peu atypique, puisque j’ai passé une partie de mon enfance en Afrique. Ça a son importance dans ma présentation, parce que c’est là-bas que mon amour des chevaux et l’envie d’accompagner l’humain sont nés.
Je faisais du poney en France et, quand je suis arrivée en Côte d’Ivoire à 6 ans, j’étais déracinée et j’ai tanné mes parents pour qu’ils me trouvent un centre équestre. C’est en remontant sur un poney que j’ai eu l’impression d’être chez moi en Afrique. C’est ce qui m’a permis de reconstruire mes racines là-bas.
S’ouvrir sur le monde et sur les autres
Ça a été une vie qui m’a beaucoup ouverte sur l’autre avec ses très grands écarts. Mes parents ne m’ont jamais protégée de la pauvreté, et je les en remercie. Ils m’ont appris à comprendre que des enfants avaient une vie beaucoup plus compliquée que la mienne.
Mes parents se sont beaucoup investis dans des associations. Notamment, ma maman a été bénévole dans une association créée par un psychiatre pour accompagner des personnes en situation de handicap. Il avait un atelier de poterie, un chimpanzé nommé Patroll, et des chevaux pour les accompagner. Parfois, ma maman m’emmenait.
J’ai beaucoup aimé les personnes accompagnées et ce que les professionnels faisaient là-bas. Et je me suis dit que c’est quelque chose que j’aimerais faire, mais je ne savais pas trop comment.
Psychologie assistée par les animaux et médiation animale
Puis je suis devenue psychologue clinicienne, spécialisée en psychopatho enfants ados. Et j’ai voulu tout de suite associer des animaux à ma pratique. Dans mon 1er poste, j’ai mis en place un atelier d’équithérapie au sein d’une structure avec des enfants ados et adultes autistes. Je travaillais dans une structure un petit peu hors norme qui était très chouette.
Dans mon parcours professionnel, je me suis toujours attachée à mettre en place des ateliers à visée thérapeutique avec des animaux pour accompagner les humains : chevaux, chiens, cochons d’Inde, lapins… J’avais beaucoup d’animaux !
En 2014, j’ai eu un diplôme de chargée de projet en médiation par l’animal qui m’a permis d’aller plus loin dans ma pratique d’accompagnement avec l’animal. Et en 2018, j’ai quitté le secteur médico-social pour devenir formatrice en médiation par l’animal. Je me suis éclatée dans la formation : transmettre sur la relation Homme/Animal.
En parallèle, j’ai développé une activité de psychologue libérale associant les animaux. Je n’ai jamais travaillé dans un cabinet. Enfin, si, quatre mois ! Ca ne me correspondait pas du tout et j’ai arrêté. En fait, je me suis dit qu’il y avait des êtres humains comme moi qui probablement aimeraient beaucoup mieux être dehors que face à face avec un psy dans un cabinet.
Dans ma pratique libérale, j’ai commencé à recevoir des enfants, des adolescents. Et un petit peu des adultes aussi, dehors, dans la nature, avec des chevaux, et à mener mes entretiens comme ça. Et tout ça m’a énormément épanouie.
La découverte de l’équicoaching au pas des rencontres
L.B. : l’équicoaching, c’est quelque chose qui venait de temps en temps à mes oreilles, mais l’entreprise, ça ne me parlait pas. Je n’étais pas assez mature, en fait.
Et puis, quand même, en travaillant dans des établissements médico-sociaux avec des équipes pluridisciplinaires, j’ai commencé à comprendre les mécanismes d’un collectif qui travaille ensemble. Je me suis dit que ce collectif avait quand même besoin d’être accompagné et aidé.
J’ai une amie qui est équicoach depuis longtemps. Elle accompagne les entreprises et m’en parlait beaucoup. Je me suis dit : « quand même, ça commence à m’intéresser ton affaire. »
Je me suis renseignée, j’ai lu sur l’équicoaching. Mais je n’étais pas prête.
Une rencontre qui a tout changé
Et puis, il y a 2 ans, j’ai suivi une de mes amies qui déplaçait sa jument dans un château chez le couple qui en est propriétaire. C’est un lieu extraordinaire où ils font des séminaires. J’ai installé ma pratique de psychologue assistée par les chevaux là-bas.
Je me suis très bien entendue avec les propriétaires du château qui sont devenus des amis. Et là, je me suis dit : « C’est peut-être le moment pour l’équicoaching. » Tout était réuni, il y avait le lieu. Je n’aime pas bosser toute seule, et là, j’avais un collectif.
La propriétaire du château a dit : « Banco, ça m’intéresse ! » L’amie qui faisait de la médiation équine avec moi m’a dit : « Banco, j’ai trop envie de me former avec toi. On y va ? »
J’ai commencé à regarder un peu partout sur Internet les formations.
Pourquoi j’ai choisi les carnets d’éveil ?
C’est le seul programme de formation où j’ai vu les termes intelligence émotionnelle et relationnelle, et une vraie philosophie autour de ça. Et ça, ça a été très marquant pour moi.
J’ai été aussi particulièrement attirée par le fait que cet organisme de formation était né de la pratique et du terrain. Parce que l’organisme de formation pour lequel j’ai travaillé en médiation par l’animal, c’était aussi une formation issue du terrain, qui avait pris sa théorie par la suite.
Un autre point commun, c’était un bébé né d’un couple, et j’aimais cette idée.
Les valeurs me plaisaient, je m’y retrouvais. Et je n’ai pas été déçue parce que j’adhère 100 % à cette philosophie et à ces valeurs.
La chance inouïe qu’on a eue, c’est qu’on était trois avec un lieu qui correspondait, la formation s’est faite chez nous avec d’autres stagiaires Des Carnets d’Éveil. On a pu tester nos chevaux et faire la formation avec eux.
Pour moi, alignement des planètes. Tu as des moments où tu as des chemins qui s’ouvrent, grands comme des portes immenses, et tu sais qu’il faut y aller.
L’occasion d’un challenge exceptionnel
Pendant la formation, on a eu un très gros challenge, car la première semaine, le propriétaire du château a eu une demande d’équicoaching de la part d’une grande entreprise du luxe. On ne pouvait pas refuser. Tout le groupe de formation a participé, on a créé l’atelier ensemble, Hervé et Sylvie l’ont validé.
Ça a été une expérience exceptionnelle parce qu’on s’est retrouvés face à toutes ces individualités. Certains qui avaient envie d’être là, d’autres, pas du tout. Mais pas du tout ! Ils n’avaient jamais vu un cheval, même de loin. C’était complètement fou pour eux de se retrouver face à ce genre de bestioles. Et on a vu comment toutes ces individualités s’exprimaient.
Et ça a été une expérience très forte parce que tout le monde est reparti avec quelque chose. Et nous, ça nous a créé une cohésion de groupe de folie.
L’équicoaching enrichi par une double compétence
L.B. : L’équicoaching, c’est puissant !
Pour moi, en tant que psycho, j’avais quand même bossé sur moi. J’avais fait plusieurs années de thérapie, j’avais eu de la supervision. Je me suis pris quand même un gros boomerang dans la tête. Donc, tu sens la puissance de l’équicoaching.
C’est extraordinaire parce que c’est la seule pratique qui me permet de rencontrer autant d’êtres humains si différents et si riches. Contrairement à la pratique de la psycho, en équicoaching, tu es face à des gens qui, in fine, n’attendent pas grand-chose de toi.
Dans le cas de la journée avec l’entreprise, il y avait toute une équipe depuis le chef d’équipe jusqu’aux employés. Ils étaient là, car leur boîte le leur avait demandé. Et en fait, ils se sont régalés ! Ils ont eu des prises de conscience, des repositionnements. Et c’était vraiment des jolis moments.
L’équicoaching, c’est une page vierge
Dans chaque équicoaching, il va se passer quelque chose et on ne sait pas quoi.
Finalement, c’est comme quand tu montes à cheval ou quand tu travailles avec des chevaux. Tu as beau connaître tes chevaux, tu as beau vivre au milieu des chevaux depuis des années, chaque cheval est une page vierge à chaque fois.
Et avec l’équicoaching, l’humain aussi. Et ça, c’est exceptionnel. Moi, je trouve que c’est un beau cadeau, vraiment. Quand je fais un équicoaching, je suis transcendée. Je me régale au plus haut point.
Depuis que j’ai fait la formation, j’ai aussi pu intégrer des outils du coaching à mon accompagnement en tant que psychologue. Et ça, c’est assez intéressant d’avoir pu mêler les deux.
Évidemment, les objectifs ne sont pas les mêmes, ni la temporalité, ni le cadre. Ça diffère beaucoup. Mais je me suis rendu compte qu’avec certains individus, notamment des adolescents, parfois, utiliser quelques outils de coaching pur dans l’accompagnement thérapeutique, ça les aide beaucoup.
Ce que le psychologue ne va pas forcément apporter, le coach va l’apporter, c’est-à-dire des clés, presque des tips pour faire face à des situations. C’est une vraie complémentarité.
Des projets plein les bras
Alors, qu’est-ce que je vais faire de tout ça ? Je continue ma pratique de psychologue associant les chevaux. Je suis vraiment confortée dans cette idée-là. En intégrant des outils de coaching quand c’est nécessaire. Et ça, c’est un vrai plus pour moi, pour certains profils, en tout cas, que j’accompagne.
Je développe l’équicoaching sur 2 formats : un format journée ou un peu plus, selon la demande des entreprises. Et un format atelier découverte qui s’insère naturellement dans les séminaires au château. J’ouvre aussi l’équicoaching aux particuliers.
J’ai développé une proposition « les ateliers famille », pour un couple ou une famille, en utilisant à la fois des outils de coaching et mes compétences de psychologue. Je propose à une famille, des parents avec leurs enfants, leurs adolescents, de venir expérimenter leurs liens intrafamiliaux, la façon dont ils communiquent, la façon dont chacun trouve sa place au sein de la famille, du cadre familial. Ils repartent avec une mise en conscience de leur fonctionnement et des éléments pour fonctionner différemment et avoir une meilleure communication et une meilleure ambiance familiale.
J’ai fait mon premier atelier famille. Et c’était extraordinaire. J’ai fait faire des exercices aux deux parents en binôme et aux deux frères ensemble et ensuite on avait switché un des fils avec le papa et l’autre avec la maman. La différence de réaction des chevaux a été flagrante ! Le papa était étonné que les chevaux révèlent leur fonctionnement à ce point.
Et j’ai d’autres projets encore !
L’accompagnement assisté par les animaux
Pour moi, le cheval et son fonctionnement, son mécanisme intrinsèque et sa réaction à l’humain permettent justement à un être humain de comprendre ses propres fonctionnements intrinsèques, s’il est ouvert à les comprendre, évidemment !
Il nous révèle à nous-mêmes et, si on veut répondre aux différents exercices et aux objectifs qu’on se pose dans le cadre des équicoachings, il nous oblige à aller chercher des ressources intérieures, soit qu’on connaît, mais qu’on ne sait pas forcément bien mobiliser ou qu’on ne mobilise pas forcément dans les bonnes situations, soit des ressources dont on n’avait pas connaissance.
Et on se découvre, je trouve, très positivement face au cheval. Parce que lui, il n’attend rien de nous, il est là dans l’instant présent, il nous prend comme on est. Il nous prend comme on arrive et il va réagir par rapport à ça.
Et c’est très intéressant d’avoir cette photo de nous-mêmes à l’instant T et d’aller chercher plus loin nos mécanismes de fonctionnement et comment on se sent par rapport à l’autre dans nos fonctionnements interpersonnels. Et aussi par rapport à nous-mêmes, parce qu’on s’oublie beaucoup…
Se remettre dans l’instant présent
Les animaux, de façon générale, et beaucoup les chevaux, ils nous remettent dans l’instant présent et dans les petites joies. On oublie beaucoup les petites joies. Aujourd’hui, on vit dans une société un peu fausse, un peu fake. On est derrière un écran, dans le paraître.
Un animal nous remet aussi dans notre corps, dans notre ressenti corporel et dans la joie de l’instant présent. Nous, on est tout le temps en train de cogiter les humains, on pense, on pense, on pense, on se prend la tête. Et en fait, l’animal est dans le moment présent. Il y a une situation, il y a une réaction. Il préfère les émotions agréables. Les chevaux par exemple aiment la joie.
L’animal, il te ramène là-dedans, dans juste vivre quelque chose de très authentique, là maintenant, et un petit bonheur. Et ça, c’est déjà énorme.
D’ailleurs, fin mai, j’interviens dans une conférence à Châteauroux sur « les animaux qui nous font du bien ». Je vais parler de l’équicoaching, de ce que ça peut apporter, que ça soit à des particuliers ou à des entreprises ou à un collectif.
Mais avant toute chose, j’ai envie de transmettre à cette conférence l’expérience de l’instant présent et des petites joies. Une déconnexion importante et même vitale. L’animal nous remet dans notre corps, dans notre ressenti corporel et dans la joie de l’instant présent !
Merci à Ludivine Bonnet pour son partage de vie et sa vision de l’accompagnement assisté par les animaux !
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